Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/231

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maison Leuwen ne dut rien au comte de Vaize.

Les discours de M. Leuwen ne méritaient point ce nom, ils n’étaient pas éloquents, n’affectaient point de gravité, c’était du bavardage de société piquant et rapide, et M. Leuwen n’admettait jamais la périphrase parlementaire.

— Le style noble me tuerait, disait-il un jour à son fils. D’abord, je ne pourrais plus improviser, je serais obligé de travailler, et je ne travaillerais pas dans le genre littéraire pour un empire… Je ne croyais pas qu’il fût si facile d’avoir du succès.

Coffe était en grande faveur auprès de l’illustre député, faveur basée sur cette grande qualité : il n’est pas gascon. M. Leuwen l’employait à faire des recherches. M. de Vaize destitua Coffe de son petit emploi de cent louis.

— Voilà qui est de bien mauvais goût, s’écria M. Leuwen ; il envoya quatre mille francs à Coffe.

À sa seconde sortie, il alla chez le ministre des Finances, qu’il connaissait de longue main.

— Eh bien ! parlerez-vous contre moi ? dit ce ministre en riant.

— Certainement à moins que vous ne répariez la sottise de votre collègue le comte de Vaize.