Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/232

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Et il raconta au ministre des Finances l’histoire de cet homme de mérite.

Le ministre, homme de sens et tout positif, ne fit pas de questions sur M. Coffe.

— On dit que le comte de Vaize a employé monsieur votre fils dans nos élections, et que ce fut M. Leuwen fils qui fut attaqué par l’émeute à Blois.

— Il a eu cet honneur-là.

— Et je n’ai point vu son nom sur la liste des gratifications apportée au Conseil.

— Mon fils avait effacé son nom et porté celui de M. Coffe pour cent louis, je crois. Mais ce pauvre Coffe n’est pas heureux au ministère de l’Intérieur.

— Ce pauvre de Vaize a du talent et parle bien à la Chambre, mais il manque tout à fait de tact. Voilà une belle économie qu’il a faite là aux dépens de M. Coffe !

Huit jours après, M. Coffe était sous-chef aux Finances avec six mille francs d’appointements et la condition expresse de ne jamais paraître au ministère.

— Êtes-vous content ? dit le ministre des Finances, à la Chambre, à M. Leuwen.

— Oui, de vous.

Quinze jours après, dans une discussion où le ministre de l’Intérieur venait d’avoir un beau succès, au moment où l’on allait