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CHAPITRE XLIX


Leuwen était tout homme d’affaires ce jour-là ; il courut chez madame Grandet comme il serait allé à son bureau pour une affaire en retard. Il traversa lestement la cour, l’escalier, l’antichambre, en souriant de la facilité de l’affaire dont il allait s’occuper. Il avait le même plaisir qu’à retrouver une pièce importante, un instant égarée au moment où on la chercherait pour la joindre à un rapport au roi.

Il trouva madame Grandet entourée de ses complaisants ordinaires, et le mépris éteignit ce sourire de jeunesse. Ces messieurs disputaient : un M. Greslin, référendaire à la Cour des Comptes, moyennant 12.000 francs comptés à la cousine de la maîtresse du comte de Vaize, s’enquérait si l’épicier du coin, M. Béranville, qui avait la fourniture de l’état-major de la garde nationale, oserait mécontenter de si bonnes paies, et voter dans le sens de son journal. Un de ces messieurs, jésuite avant 1830, et maintenant