Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/278

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ministre avait nommé Lucien lieutenant. Le maréchal lui témoignait beaucoup de bienveillance, et ces messieurs finirent par se voir trois fois la semaine. Le maréchal finit par lui faire entendre, mais de façon à ne pas s’attirer de réponse, que si le ministère tombait et que lui maréchal fût chargé d’en former un autre, il ne se séparerait pas de M. Leuwen. M. Leuwen fut très reconnaissant, mais évita soigneusement de prendre un engagement analogue.

Depuis longtemps, M. Leuwen avait osé avouer ses lueurs d’ambition à madame Leuwen.

— Je commence à songer sérieusement à tout ceci. Le succès est venu me chercher ; moi être éloquent, comme [disent] les journalistes amis, cela me paraît plaisant : je parle à la Chambre comme dans un salon. Mais [si] ce ministère, qui ne bat plus que d’une aile, vient à tomber, je ne saurai plus que dire, car enfin je n’ai d’opinion sur rien, et certainement, à mon âge, je n’irai pas étudier pour m’en former une.

— Mais, mon père, vous possédez parfaitement les questions de finances ; vous comprenez le budget avec tous ses leurres, et il n’y a pas cinquante députés qui