Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/279

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sachent exactement comment le budget ment, et ces cinquante députés sont achetés avec soin et avant tous les autres. Avant-hier, vous avez fait frémir M. le ministre des Finances dans la question du monopole des tabacs. Vous avez tiré un parti prodigieux de la lettre du préfet Noireau, qui refuse la culture à un homme qui pense mal.

— Ceci n’est que du sarcasme. Un peu fait bien, mais toujours du sarcasme finira par révolter la minorité stupide de la Chambre, qui au fond ne comprend rien à rien, et est presque la majorité. Mon éloquence et ma réputation sont comme une omelette soufflée ; un ouvrier grossier trouve que c’est viande creuse.

— Vous connaissez parfaitement les hommes en général, et surtout tout ce qui a paru dans les affaires à Paris depuis le consulat de Napoléon en 1800, cela est immense.

— La Gazette vous appelle le Maurepas de cette époque, dit madame Leuwen. Je voudrais bien avoir sur vous le crédit que madame de Maurepas avait sur son mari. Amusez-vous, mon ami, mais, de grâce, ne vous faites pas ministre, vous en mourriez. Vous parlez déjà beaucoup trop ; j’ai mal à votre poitrine.

— Il y a un autre inconvénient à être