admettre avec vous une discussion sur un pareil sujet n’en est pas une faible preuve. Mais de la confiance en votre génie et en votre fortune à faire les sacrifices que vous semblez exiger, il y a loin.
— Je serais au désespoir de blesser le moins du monde cette charmante délicatesse de votre sexe, qui sait ajouter tant de charmes à l’éclat de la jeunesse et de la beauté la plus achevée. Mais madame de Chevreuse, la duchesse de Longueville, toutes les femmes qui ont laissé un nom dans l’histoire et, ce qui est plus réel, qui ont établi la fortune de leur maison, ont eu quelquefois des entretiens avec leur médecin. Eh bien ! moi je suis le médecin de l’âme, le donneur d’avis à la noble ambition que cette admirable position a dû placer dans votre cœur. Dans un siècle, au milieu d’une société où tout est sable mouvant, où rien n’a de la consistance, où tout s’est écroulé, votre esprit supérieur, votre grande fortune, la bravoure de M. Grandet et vos avantages personnels vous ont créé une position réelle, résistante, indépendante des caprices du pouvoir. Vous n’avez qu’un ennemi à craindre, c’est la mode ; vous êtes sa favorite dans ce moment, mais, quel que soit le mérite personnel, la mode se lasse. Si d’ici à un