Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de marrons, et se laissa aller à admirer la beauté du ciel et à réfléchir.

Lucien n’était nullement dans la confidence de tout ce que son père venait de faire pour lui, et nous ne nierons pas qu’il ne fût un peu fier de ses succès auprès de cette madame Grandet, dont la conduite irréprochable, la rare beauté, la haute fortune jetaient un certain éclat dans la société de Paris. Si elle eût réuni de la naissance à ces avantages, elle eût été célèbre ; mais quoi qu’elle fît, jamais elle n’avait pu avoir de milords anglais chez elle.

Ce bonheur fut beaucoup plus vivement senti par Lucien après quelque temps que les premiers jours.

Madame Grandet était la plus grande dame qu’il eût jamais approchée, car nous avouerons, et ceci lui nuira infiniment dans l’esprit de nos belles lectrices qui, pour leur bonheur, ont trop de noblesse ou trop de fortune, que les prétentions infinies de mesdames de Commercy, de Marcilly et autres cousines de l’empereur dépourvues de fortune qu’il avait rencontrées à Nancy lui avaient toujours semblé ridicules…

« Le culte des vieilles idées, l’ultracisme, est bien plus ridicule en province qu’à Paris ; à mes yeux il l’est moins, car en