selle Gosselin ? Suis-je donc condamné à écrire des sottises le matin, et à en entendre encore le soir ? »
Au plus fort de cet examen de conscience et de la folie de mademoiselle Raimonde[1], la porte de la loge s’ouvrit avec fracas pour donner passage à un non moindre personnage que Son Excellence M. le comte de Vaize.
— C’est vous que je cherchais, dit-il à Lucien avec un sérieux qui n’était pas exempt d’importance. Mais cette petite fille est-elle sûre ?
Quelque bas que ce dernier mot fût prononcé, mademoiselle Raimonde le saisit.
— C’est une question que l’on ne m’a jamais faite impunément, s’écria-t-elle ; et puisque je ne puis chasser Votre Excellence, je remets ma vengeance à la Chambre prochaine. Et elle s’enfuit.
— Pas mal, dit Lucien en riant, réellement pas mal !
— Mais peut-on, quand on est dans les affaires, et dans les plus grandes, être aussi léger que vous[2] ? dit le ministre avec l’humeur naturelle à l’homme qui, embrouillé dans des pensées difficiles, se voit distrait par une fadaise.