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Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/360

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gade à Alger à M. le G., le chef de sa police particulière. La politique du roi avec ses ministres eût été toute différente s’il avait été sûr de tenir le maréchal par des liens invincibles pendant quinze jours encore.

M. Leuwen ne savait pas ce détail, il prit ce délai de quinze jours pour un nouveau symptôme de timidité ou même d’affaiblissement dans le génie du roi, mais cette raison il n’osa jamais la donner à madame Grandet. Il avait pour principe qu’il est certaines choses qu’il ne faut jamais dire aux femmes.

Il résulta de là que, parlant avec une ouverture de cœur et une bonne foi parfaites, sauf ce détail, [à] madame Grandet, dont l’esprit était aiguisé en cette circonstance par l’anxiété la plus vive, crut voir qu’il n’était pas sincère avec elle.

M. Leuwen s’aperçut de ce soupçon. Dans son désespoir d’honnête homme, qui fut vif et violent comme toutes ses sensations, ce même jour M. Leuwen, qui n’osait traiter à fond de certain sujet en présence de sa femme, après le dîner de famille partit de bonne heure pour l’Opéra, emmena son fils, ferma avec soin le verrou de sa loge. Ces précautions prises, il osa lui raconter en détail et dans le style