Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/375

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idées Lucien n’eut pas la moindre tentation d’aller s’asphyxier dans les idées épaisses du salon de madame Grandet, et encore moins se soumettre à ses serrements de main. Cependant, on l’attendait dans ce salon avec anxiété. Le voile sombre qui quelquefois obscurcissait les qualités aimables de Lucien et le réduisait, en apparence du moins et aux yeux de madame Grandet, au rôle d’un froid philosophe, avait fait révolution chez cette femme jusque-là sage et ambitieuse.

« Il n’est pas aimable, mais du moins, se disait-elle, il est parfaitement sincère. »

Ce mot fut comme le premier pas qui la jeta dans un sentiment jusque-là si inconnu pour elle et si impossible.