Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/52

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En approchant de la porte, il fallut mettre les chevaux au trot à cause du pont fort étroit. Il y avait huit ou dix criards sous la porte même, qui était double.

— À l’eau ! À l’eau ! criaient-ils.

— Ah ! c’est le lieutenant Leuwen, dit un homme en capote verte déchirée, apparemment lancier congédié.

— À l’eau, Leuwen ! À l’eau, Leuwen ! cria-t-on à l’instant. On criait à deux pas de la calèche sous la porte, et les cris redoublèrent dès que la calèche fut à six pas en dehors. À deux cents pas plus loin, tout était calme. Le brigadier arriva bientôt.

— Je vous félicite, messieurs, dit-il aux voyageurs ; vous l’avez échappé belle.

Son air goguenard acheva de mettre Leuwen hors de lui. Il lui ordonna de lire son passeport, et ensuite :

— Quelle peut être la cause de tout ceci ? lui dit-il.

— Eh ! monsieur, vous le savez mieux que moi. Vous êtes le commissaire de police qui vient pour les élections. Vos papiers imprimés, que vous aviez mis sur l’impériale de votre calèche, sont tombés en entrant en ville, vis-à-vis le café Ramblin, c’est le café National. On les a