Page:Stendhal - Lucien Leuwen, III, 1929, éd. Martineau.djvu/53

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lus, on vous a reconnus, et, ma foi, il est bien heureux qu’ils n’aient pas eu de pierres.

M. Coffe monta tranquillement sur le siège de devant de la calèche.

« En effet, il n’y a plus rien, dit-il à Leuwen en regardant sur l’impériale.

— Ce paquet perdu était-il pour le Cher ou pour M. Mairobert ?

— Contre M. Mairobert, dit Coffe ; c’est le pamphlet de Torpet.

La figure du gendarme pendant ce court dialogue désolait Leuwen. Il lui donna vingt francs et le congédia. Le brigadier fit mille remerciements.

— Messieurs, dit-il, les Blésois ont la tête chaude, les messieurs comme vous autres ne traversent ordinairement la ville que de nuit.

— F…-moi le camp ! lui dit Leuwen. Et toi, marche au galop, dit-il au postillon.

— Eh ! n’ayez pas tant de peur, répondit celui-ci en ricanant ; il n’y a personne sur la route.

Au bout de cinq minutes de galop :

— Eh bien ! Coffe ? dit Leuwen à son compagnon en se tournant vers lui.

— Eh bien ! répondit Coffe froidement, le ministre vous donne le bras au sortir de l’Opéra ; les maîtres des requêtes, les