depuis que j’étais seul. J’eus tant de honte de cette découverte, que je devins un coquin pour la première fois, je fus hypocrite ; et deux jours après je déclarai à mon beau-père, d’un ton presque tragique, que je garderais une fidélité éternelle à la femme adorable que le ciel m’avait enlevée.
— En ce cas, me répondit-il d’un air fort tranquille, il faut renvoyer Augustine, en lui donnant une gratification de cinquante écus, et prendre une gouvernante qui s’entende un peu mieux aux affaires du ménage ; car les choses ne peuvent durer ainsi : quand on met des draps blancs à mon lit les samedis, ils sont toujours humides.
Et de sa fille pas un mot. Je faillis partir d’un éclat de rire à la vue de ma sottise, ce qui eût tout à fait compromis ma tristesse.
Maintenant, nous avons une gouvernante qui sort de chez un pair de France, et je prends soin de mon beau-père ; rien n’est plus facile, je vérifie moi-même l’état de siccité des draps que l’on met à son lit.
Ce brave homme l’a su et m’a embrassé en pleurant. Me promettez-vous, m’a-t-il dit, de ne jamais abandonner le malheureux père de votre épouse ? — J’ai promis, et il a voulu absolument passer un acte en vertu duquel, non-seulement j’ai droit à la moitié des profits, mais, le cas arrivant de prédécès de sa part, je pourrai, si je le désire, rester nanti de l’existant en caisse et en magasin, et de tout le commerce, moyennant une somme de cent mille francs payée à la personne qui se trouvera indiquée dans son testament.
— Et cette personne ce sera vous, mon cher Philippe, me dit-il fort souvent d’un air attendri ; mais je n’en crois rien. Souvent je fais des opérations qui lui semblent trop