hardies, et je suis obligé de forcer un peu son consentement, ce que certainement la vanité d’un Parisien ne saurait pardonner. Mais actuellement j’ai un but, j’aime l’argent, et voici bientôt deux ans[1] que j’ai ce goût. Je soignerai mon beau-père tant qu’il aura besoin de moi ; mais je suis riche. Si je le perds, je vends le commerce et je retourne aux colonies. Je n’ai pas assez d’esprit pour en mettre à chacune des petites actions de la journée, comme il le faut à Paris. Il paraît que je vais devenir fort riche. Comme je n’aime point le commerce en général, et en particulier celui des fers, j’agis toujours avec un sang-froid parfait.
Depuis que mon père entend dire que je suis à la tête de ma partie, il s’est mis à avoir de la considération pour moi, et si je voulais, comme je le puis, me lancer dans les hauts grades de la garde nationale, il me parlerait avec respect. Mais je suis bien loin de ces idées ; je ne demande rien aux hommes, père ou non, que de ne pas me troubler dans ma tranquillité, et peut-être finirai-je par m’aller établir aux colonies, où je trouve les hommes beaucoup plus philosophes. C’est un grand rempart contre la sottise vaniteuse qui est le péché de notre siècle, que d’être obligé de sortir en chapeau de paille et en jaquette de toile les trois quarts de l’année. On dirait que le naturel et la simplicité du costume passent dans les actions. D’ailleurs, à mon avis, le bonheur est contagieux, et je trouve qu’un esclave est mille fois plus heureux qu’un paysan de Picardie. Il est nourri,
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Départ pour les colonies à 19 ans, 6 ans aux colonies, 6 ans de mariage, 2 ans veuf. Total… 33 ans.