Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/105

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le gendre, d’une voix éteinte, prie les notaires de lui remettre la minute de l’acte et la déchire lui-même. Le commissaire de police force le gendre d’avouer que c’est son fermier qui, témoin de leur douleur à la mort subite du beau-père, qui sans doute allait faire un testament en leur faveur, a eu la malheureuse idée de se placei sous le lit ; on avait ôté deux planches du fond du lit, et le hardi fermier assis sur le plancher, et la tête placée presque à la hauteur de celle du testateur la faisait mouvoir facilement avec les deux mains.

Je suis comme le lecteur, je trouve cette anecdote patibulaire bien longue écrite ; racontée, elle marchait bien. Chacun des auditeurs ajoutait quelque détail plaisant au récit du combat que se livraient, dans le cœur des notaires, la peur de se compromettre et la probité.

J’ai ouï citer dans mon voyage plusieurs faits semblables souvent, dans les petites villes, il y a des soupçons, mais, au bout de deux ou trois mois, on parle d’autres choses. Ce qui est important en pareille occurrence, c’est d’éloigner les chiens.