Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/124

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bonne compagnie de Bourgogne ? sa réponse est absolument négative.

Toutefois l’amant d’une des dames de la société lui a tiré ou en a reçu un coup de pistolet, le soir, à onze heures, à la campagne, le mari se trouvant dans une pièce voisine. On suppose que le mari, fort indifférent, ne s’est point levé. L’amant a eu l’esprit de mettre dans ses intérêts une sorte de garde-chasse, qui, le lendemain matin, est venu raconter d’un air penaud que son fusil était parti dans ses mains par hasard, tout près de la fenêtre de madame, et que lui, de peur d’être grondé, s’était enfui dans les bois, où il avait passé une nuit piteuse. Il avait vu des loups s’approcher de lui, et son fusil n’était pas chargé, etc., etc.

Une autre de ces dames, que son mari, procureur et jaloux, faisait toujours voyager avec lui dans un cabriolet d’osier, est tombée malade dans une petite auberge à dix lieues du tribunal où le mari occupe presque tous les matins. Elle a eu le courage de rester au lit pendant six semaines. Le procureur allait passer tous ses dimanches dans la mauvaise auberge ; il amenait des médecins célèbres, qui, tout naturellement, et par l’effet de leur science, trouvaient la jolie femme fort gravement malade. Devinez la suite. Le procureur a été averti de