Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/132

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voie romaine : la rue est rapide, et les chevaux ont grand’peine à se tenir sur ces blocs de granit.



— Autun, le 30 avril 1837.

Hier j’eus du courage ; couvert de poussière et en habit de voyage, j’affrontai la curiosité et les regards hébétés des provinciaux, le tout pour aller voir des antiquités.

La porte d’Arroux ou de Sens est un admirable ouvrage des Romains ; c’est un arc de triomphe, avec deux grandes arcades, et, à côtés, deux plus petites. Au-dessus, on voit six arcades plus étroites, formant une sorte de galerie ; il y en avait dix autrefois : quatre ont disparu. Les colonnes engagées entre ces arcades sont d’ordre corinthien.

Si l’on tient à avoir une idée de ce monument simple et grand, il faut en chercher une gravure ; il m’est impossible de donner une sensation ; je ne puis me résoudre à me jeter dans les phrases hyperboliques et néologiques, je ne peux qu’expliquer une gravure, non y suppléer.

Ce vénérable reste de l’antiquité romaine a dix neuf mètres de largeur sur dix-sept de haut : dès que je l’ai aperçu je me suis cru en Italie. Mon cœur, attristé par les