Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/137

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l’ouvrage entier à quelque artiste allemand.

Comme s’il fallait que tout fût barbare à Autun, on a peint à l’huile ce charmant bas-relief.

Deux chapelles ont des vitraux admirables, c’est-à-dire dont les couleurs sont fort vives : on faisait la couleur rouge avec de l’or, ce qui augmentait sans doute le plaisir que les dévots trouvaient à la regarder[1].

On trouve à Saint-Lazare un tableau de M. Ingres ; quatre ou cinq têtes dans le genre de Raphaël sont admirables.

Un effet qui est vraiment étonnant et bien digne de la province, c’est ce qu’on appelle ici la grande trompe. Dans le vrai, rien n’est plus trompeur. Il s’agit de la flèche de la tour de gauche de la cathédrale de Saint-Lazare. Elle est construite en pierres et entièrement creuse à l’intérieur. Dans la partie basse, les pierres n’ont pas plus de six pouces d’épaisseur : c’est un chef-d’œuvre de hardiesse dû au seizième siècle. Vue à l’intérieur, cette flèche trompe l’œil et paraît d’une immense hauteur ; car la forme pyramidale qu’on lui a donnée semble l’effet de l’éloignement.



  1. J’apprends que, depuis mon passage, on a découvert à Autun, au-dessus de la porte d’une église, un bas-relief barbare représentant le jugement dernier.