Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/152

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prétexte d’un fer qu’un de ses chevaux aurait perdu, avait enterré le groupe au pied d’un arbre, dans un bois que la diligence traversait de nuit.

Cet homme avait bien eu le courage de voler dix mille francs, mais il ne put se faire à l’idée d’en avoir volé en toute sûreté cinquante mille.




Langres, le 5 mai.

Route de Chaumont à Langres. Comme il ne faut pas regarder la campagne, sous peine de prendre de l’humeur, j’ai envie, par forme d’épisode, de raconter ma vie. Voici sous quel prétexte.

Si j’avais à dire au lecteur quelque aventure d’un grand intérêt, peu lui importerait qui je sois ; mais je ne puis présenter que quelques petites remarques fort peu importantes, comme on sait, que quelques nuances plus ou moins vraies, et pour sympathiser un peu avec les assertions du touriste, il faut savoir à quel homme on a affaire.

Ma vie aurait dû être des plus simples, et elle a été fort agitée. Jusqu’à seize ans je fus victime du grec et du latin, que je commence seulement à ne plus exécrer.