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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/272

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Paris, et pour cause : plusieurs créanciers avaient des jugements contre lui.

Comme ils passaient sur le boulevard, Saint-Vernange lui dit :

— Voici M. Joyard, le plus récalcitrant de nos usuriers ; voulez-vous que je m’en empare ?

— Non pas, dit Brémont, il nous a vus, et vous allez convenir que je suis aussi habile que vous.

Brémont va au-devant de M. Joyard, lui serre la main avec empressement, et lui dit : Mon père vous a-t-il payé ?

Étonnement du Joyard.

— Comment vous ne savez pas ? Mon père s’est réuni à ma tante et paye radicalement toutes mes dettes ; grande réconciliation. Mais je réfléchis, c’est quinze mille francs que je vous dois, n’est-ce-pas ? Je n’ai pas confié à mon père le montant exact de cette dette. Donnez-moi cinq mille francs, et vous vous ferez rembourser vingt mille francs au lieu de quinze.

On entre dans un café ; l’usurier compte quatre billets de mille francs, Brémont signe une lettre de change de cinq mille, et on se sépare bons amis. Saint-Vernange était heureux en nous racontant ce beau trait. — Que sont auprès de cela tous les tours plus ou moins plaisants que j’aurais pu jouer à cet homme ? Figurez-vous son