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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/282

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Plusieurs fois j’eus l’honneur d’être invité. Je dois à ces messieurs de pouvoir louer quelque chose en ce pays, sans restriction.

En général, après dîner on allait voir jouer à la boule aux Brotteaux ; nous longions le quai Saint-Clair. Puisque je nomme de nouveau ce quai, il faut pourtant que je le loue. Le Rhône, fier, rapide, majestueux, peut être large comme deux fois la Seine au pont Neuf, mais il a une tout autre tournure. Une ligne de belles maisons à cinq ou six étages, exposées au levant, mais par malheur bâties sous Louis XV, borde la rive droite du fleuve, en laissant toutefois un quai magnifique et garni en beaucoup d’endroits de deux rangées d’arbres ; l’autre rive, du côté du Dauphiné, n’a jusqu’ici que quelques petites maisons fort basses, et dont les jardins sont bordés par de grands peupliers d’Italie, arbres sans physionomie. Ces maisons et ces arbres ne gâtent point trop la vue. Au delà on aperçoit une plaine peu fertile, plus loin les sommets des montagnes du Dauphiné, et à quarante lieues, sur la gauche, au milieu des nues un petit trapèze couvert de neige, c’est le mont Blanc. On peut juger de la pureté de l’air qu’on respire dans ces maisons qui ont la vue du mont Blanc ! On est