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à dix-neuf ans un mari épousé[1] par amour. Elle en avait vingt-cinq et résistait depuis six ans à tous les hommages, lorsqu’elle alla passer l’automne au fameux château d’Uriage, près de Grenoble.

Au retour, elle quitta son magnifique logement rue Lafont, pour venir habiter ce petit hôtel, dans un quartier éloigné, et encore elle ne le loua pas tout entier. Elle ne prit que le premier étage. Un mois après, un jeune Grenoblois, qui avait un procès à suivre à Lyon, cherchait un logement bon marché, et s’accommoda du deuxième étage de la maison, dont le premier était occupé par la belle veuve. Il allait souvent à Grenoble : il revint d’un de ces voyages avec deux ou trois domestiques qui appartenaient, disait-il, à sa mère, et qui avaient l’air fort gauche.

C’étaient des maçons, qui, en trois jours qu’ils passèrent à Lyon dans l’appartement du jeune homme, lui firent un escalier commode, masqué par une armoire, et à l’aide duquel il pouvait descendre incognito chez madame Girer. On remarqua que, par une bizarrerie non expliquée, le jeune Dauphinois loua toute la diligence pour ces trois domestiques de sa mère, et les accompagna jusqu’en Dau-

  1. Correction de l’édition de 1854, et conforme à l’erratum de l’exemplaire Primoli. N. D. L. É.