Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

consacrées à se pousser. L’homme du plus grand mérite à genoux devant un intrigant dont l’habileté est reconnue.

Le poëte de l’Europe, M. Scribe, se fût exposé à cent désagréments s’il eût donné quelque réalité contemporaine à sa profonde comédie de la Camaraderie. La comédie vraie, le Tartufe, est possible sous un despote, la difficulté unique c’est de plaire à Louis XIV. La comédie est de toute impossibilité dans la république moderne ; voyez ce qui se passe aux États-Unis : on appliquerait la loi de Lynch au poëte comique. Les journaux anglais d’hier disent qu’en Amérique on vient de tuer la joie et l’amour. Une ville du centre a assassiné un journaliste, nommé Love Joy, qui prêchait l’affranchissement des esclaves, qui pourtant, d’après Jésus-Christ, ont une âme comme celle du plus dévot Américain. Robert-Macaire, la Comédie de l’époque, est prohibé en France. M. le maire de Nantes ne veut pas qu’on joue Robert-Macaire, on a peur apparemment que le public ne se moque des fripons et n’apprenne à les reconnaître.

Sottise, classicisme de toute comédie qui, en 1837, a pour mobile un mariage ; qui songe aux femmes ? Elles sont si peu à la mode, qu’on commence à mépriser même les dots. La faute en est un peu