Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
446
MÉMOIRES D’UN TOURISTE

rable ? De là la passion de pouvoir donner des dîners qui travaille le petit bourgeois de Paris.

Voici un dialogue qui n’a pas quinze jours de date, entre un député arrivant de Paris[1] et un préfet.

Le député. — … Du reste, vous allez recevoir les nominations de cinq percepteurs.

Le préfet. — Ah ! tant mieux ! je les attendais avec impatience, le canton de Pin est bien mauvais ; depuis la loi d’apanage les républicains y fourmillent. Mais ces nouveaux percepteurs que j’ai choisis avec soin sont des gens remuants qui prennent la parole dans les cafés, et avec eux j’espère bien reprendre le dessus. Tout va bien.

— Mais, mon cher préfet, les percepteurs dont je vous annonce la nomination ne sont pas ceux que vous avez demandés ; les nouveaux percepteurs sont messieurs Durand pour Rochefort, Pierret pour Souvigny, etc., etc.

— Eh mon Dieu ! qu’est-il donc arrivé ?

— Rien que de bien simple : c’est moi qui ai demandé ces places, et mes candidats ont été préférés aux vôtres.

  1. Édition originale : arrivant d’Amsterdam. Je corrige d’après l’erratum de l’exemplaire Primoli et l’édition de 1854. N. D. L. É.