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Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/505

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MÉMOIRES D’UN TOURISTE

les lazzaroni qui allaient insulter les patriotes emprisonnés dans de sales bateaux, amarrés dans le port de Naples sous le soleil du mois d’août.

— Canailles que vous êtes, s’écriaient les lazzaroni, quel mal vous avait fait l’impôt sur la farine pour le supprimer ? Une autre fois on faisait voler aux libéraux leurs chapeaux ; ce qui n’est pas un petit malheur sous ce soleil brûlant[1].

Nous passons de là au carcere duro de M. de Metternich et à la cuisse coupée de M. Maroncelli. Ce sont les rois, me disait le préfet, qui, par leurs maladresses, nous amèneront cette république qui dérangera notre vie pour dix ans. Les véritables révolutionnaires ne sont pas les fous qui appellent les révolutions, mais bien ceux qui les rendent inévitables. Est-ce par calcul que M. Pellico a écrit un ouvrage qui est si bien entré dans les oreilles parisiennes ?

— Non, par hasard il s’est trouvé à la hauteur de l’affectation à la mode dans les salons du faubourg Saint-Germain. — Ce livre restera, c’est un pendant à l’Imitation de Jésus-Christ.

  1. Les détails les plus originaux et les plus vrais sur Naples et la Sicile nous ont été donnés par M. Palmieri Miccichè. La conversation des pensionnaires des couvents de Palerme dans les airs et par-dessus les maisons, qu’il découvrit un jour que son père l’avait mis en prison au grenier, est un morceau charmant.