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MÉMOIRES
D’UN TOURISTE




Verrières, près Sceaux[1].

Ce n’est point par égotisme que je dis je, c’est qu’il n’y a pas d’autre moyen de raconter vite. Je suis négociant ; en parcourant la province pour mes affaires (le commerce du fer), j’ai eu l’idée d’écrire un journal.

Il n’y a presque pas de Voyages en France : c’est ce qui m’encourage à faire imprimer celui-ci. J’ai vu la province pendant quelques mois, et j’écris un livre ; mais je n’ose parler de Paris, que j’habite depuis vingt ans. Le connaître est l’étude de toute la vie, et il faut une tête bien forte pour ne pas se laisser cacher le fond des choses par la mode, qui en ce pays

  1. Sur l’exemplaire Primoli, Stendhal écrit ici de sa main : « Nous nous anglisons, nous ne rions plus guère. » Cette phrase rappelle l’épigraphe qu’il indique sur les pages de garde. Cf. la Préface de l’éditeur. N. D. L. É.