Page:Stendhal - Mémoires d’un touriste, I, 1929, éd. Martineau.djvu/67

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d’œil d’ami sur la cour du Cheval-Blanc, qui doit ce nom à un modèle en plâtre du cheval de Marc-Aurèle, au Capitole, que Catherine de Médicis y avait fait placer. Une princesse italienne a toujours un fond d’amour pour les beaux-arts. Ce modèle ne fut enlevé qu’en 1626. C’est un Italien, Sébastien Serlio de Bologne, qui dessina et bâtit cette cour en 1529.

J’y vois, des yeux de l’âme, un groupe en bronze placé là en 1880 : c’est Napoléon qui fait ses adieux à l’armée en embrassant un vieux soldat.

Je rencontre des hussards du quatrième régiment, le régiment modèle. Les hussards sont très fiers, parce qu’ils sont les seuls en France qui, avec le dolman rouge, puissent porter le pantalon bleu de ciel. Honneur aux chefs qui savent donner une valeur infinie à ces petites choses ! Je vois ferrer un cheval fougueux ; un hussard le fascine par le regard et le contient immobile. Un hussard selle son cheval, s’habille et fait feu en deux minutes.

On parle beaucoup d’un des plus grands personnages du régime actuel[1], qui répondait hier à un de ses clients qui le sollicitait :

— De grâce ! mon cher, pour le moment,

  1. Le général Bernard, ministre de la guerre. (Note de l’exemplaire Primoli.)