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LES FEMMES SAVANTES


CLITANDRE

Je consens qu’une femme ait des clartés de tout :
Mais je ne lui veux point la passion choquante
De se rendre savante afin d’être savante ;


Si cela était exact, ces dames voudraient s’attirer le respect ou l’amour par leur science ; leur ridicule serait le désappointement de cette prétention.


CLITANDRE

Et j’aime que souvent, aux questions qu’on fait,
Elle sache ignorer les choses qu’elle sait.


Fort bien. La qualité de savante détruit net la grâce, l’extermine partout. Voilà vingt-deux vers sans amour, mais non pas sans pédanterie. D’ailleurs les sentiments de Clitandre sur cet objet doivent être connus d’Henriette. Ces vingt-deux vers-là sont un morceau de satire.


CLITANDRE

Et j’enrage de voir qu’elle estime un tel homme,
Qu’elle nous mette au rang des grands et beaux esprits
Un benêt dont partout on siffle les écrits.


Moyen de ridiculiser Philamite en lui montrant ce mépris qu’un public éclairé a pour son héros, et l’estime que ce même public fait d’un autre écrivain du même genre.