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MOLIÈRE

voir deux chiens qui se pillent dans la rue.

La pièce est supérieurement écrite. Trois ou quatre morceaux me semblent même parfaits, mais il me paraît aussi qu’elle est trop dénuée de plaisanteries.

Ce genre d’ornement aurait fait rire et donné plus de vivacité à la pièce. Son grand défaut, à mes yeux, est de manquer de cette vivacité dont le Barbier de Séville et le premier acte du Médecin malgré lui sont des modèles.

Le caractère le mieux peint est celui de l’homme faible. Ce qu’il y a de remarquable c’est que la peinture est complète et qu’elle est donnée au moyen d’un nombre de vers extrêmement petit. Je n’ai trouvé autant de concision dans aucun autre caractère de comédie.

Clitandre et Henriette sont froids. Le dénoûment est vicieux, comme n’appartenant point au sujet. C’est un dénoûment applicable à tous les mariages de convenances qui se font dans le monde. Trissotin se conduit comme feraient les deux tiers des hommes ; seulement il est ridicule comme ayant été obligé de jouer la passion.

Le sujet des Femmes savantes me semble raté, mais c’est le rat du grand maître. Le temps, peut-être, l’a traité comme les tableaux du Tintoret à Venise, a trop