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LES FEMMES SAVANTES

abaissé les personnages ridicules. Il m’est impossible de rire des personnages que je méprise trop décidément. On ne rit pas de Sosie lui-même. Sosie est une parabole ; on rit des gens lâches dont il nous découvre les mouvements. D’ailleurs, Sosie est plein d’esprit. Cet esprit réveille, intéresse (a ex. ce paradoxe). Chrysale et les trois femmes savantes sont pour moi dans ce cas. J’aurais eu du plaisir à voir trois ou quatre plaisanteries piquantes tomber sur cette Tartuffe d’Armande.

Grand défaut. Les femmes savantes ne sont point désappointées dans l’effet qu’elles croient produire dans le monde, au moyen des prétendues connaissances qu’elles ont en littérature, en physique et en morale. Voilà le vice radical de la pièce. Que ces femmes croient tenir un rang distingué dans le monde, et qu’il y ait de l’ambition dans leur cœur (l’amour des avantages extérieurs dans la société, le désir d’être distingué des autres hommes), c’est ce qui est prouvé par plusieurs vers de la pièce.


Le Sexe aussi, page 49.
Quelque bruit, page 64.


Le gros du public admire un grand dessein, mais ce grand dessein manque son