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Pour la Langue

Les écrivains d’Italie semblent n’avoir jamais lu Voltaire : chaque chose a des noms différents qui la peignent sous divers aspects et qui donnent d’elle des idées fort différentes, dit ce grand homme[1]. Les mots de religieux et de moine, de magistrat et de robin, de citoyen et de bourgeois, ne signifient pas la même chose. La consommation du mariage et tout ce qui sert à ce grand œuvre sera différemment exprimé par le curé, par le mari, par le médecin et par un jeune homme amoureux. Le mot dont celui-ci se servira réveillera l’image du plaisir, les termes du médecin ne présenteront que des figures anatomiques ; le mari fera entendre avec audace ce que le jeune indiscret aura dit avec audace, et le curé tâchera de donner l’idée d’un sacrement. Les mots ne sont donc pas indifférents et il n’y a point de synonymes.

La noblesse en Angleterre a un goût romantique, c’est-à-dire tiré de ses intérêts

  1. Voltaire, t. 7, 1re partie, p. 55.