Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/179

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qu’il n’aime pas l’argent par cupidité, mais, exactement parlant, pour ne pas mourir de faim dans la rue.

Cette affreuse nécessité et la noire anxiété dont elle remplit l’âme, ne lui laisse pas, à ce peuple anglais si mal connu, le temps de comprendre la conduite de ses plus brillants défenseurs. Combien de fois le sublime Fox[1] n’est-il pas sorti de la Chambre des communes au milieu des huées de ce peuple qu’il venait de défendre, non seulement aux dépens de sa fortune pécuniaire, mais même de sa réputation ? Il a passé sa généreuse vie à protester contre deux guerres qui ont triplé le prix de la subsistance du peuple anglais.

La première de ces guerres a donné l’existence à la République qui détruira l’Angleterre ; la seconde a semé en Europe, en même temps que la liberté, une haine aveugle et enragée contre l’Angleterre qui a fait tomber ce Napoléon qui sans le savoir, semait la liberté en Europe. Ce sont les Anglais que l’exécration publique charge partout (la France excepté) des maux sans nombre que ramène tous les jours le rétablissement de toutes les vieil-

  1. Comparez la vie de Fox avec celle de Mr. George Rose. Entrez dans les détails et vous verrez la rapide décadence de l’Angleterre. (Je me souviens de la vie de Rose dans Galignani Wenenger.)