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leries[1]. Allez à Gênes, à Madrid, à Naples et vous verrez. Mais revenons à l’esprit de ces hommes, la source unique de la plus intolérable partie des malheurs de l’Europe. S’ils n’ont pas d’esprit pour comprendre leurs propres défenseurs, où en trouveraient-ils pour comprendre les Lettres et les Arts ?

L’on peut répondre : dans la meilleure éducation classique qu’ait reçue jamais aucun peuple. Nulle part, en effet, l’on ne connaît aussi bien les auteurs grecs et latins.

Mais d’abord cette éducation ne donne pas de dispositions à l’esprit : bien au contraire. En second lieu elle n’est à la portée que de la classe riche. Pour le reste de la nation — et ouvrez les biographies de la France — c’est de la classe pauvre et énergique que sortent les génies ; tout le reste de la nation n’a de loisir que le dimanche, et pour finir par le trait le plus triste, les cinq sixièmes de ce loisir sont occupés par l’infâme et féroce lecture de la Bible.

Assurément, rien n’est plus contraire à l’esprit ou à l’invention des idées agréables à nos hommes du xixe siècle, que la contemplation des images féroces gigantesques

  1. Les Jésuites : Fribourg, Nîmes…