Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/223

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petite vanité d’un vieux garçon amoureux fou. Prenant de l’assurance à mesure qu’il étale les nombreuses perfections de sa toilette et de ses breloques, il rapproche peu à peu sa chaise de celle de la jeune fille, et la menace d’une déclaration en forme, lorsque le tendre tête-à-tête est mal à propos interrompu par l’entrée du peintre qui paraît avec une énorme paire de favoris et de longs cheveux flottants, parce qu’il est de mode à Rome, parmi les artistes qui ont du génie ou qui n’en ont pas, d’imiter ainsi lord Byron, dont la personne et le caractère sont populaires en Italie, surtout depuis qu’il a si noblement dévoué sa fortune et sa vie à la cause glorieuse des Grecs. Le peintre rend à Cassandrino une miniature qu’il avait retouchée pour lui, et le prie en même temps de ne plus honorer sa fille de ses visites. Cassandrino, au lieu de prendre feu à cette intimation, fait au jeune peintre les éloges les plus flatteurs sur son talent et son habileté. Le peintre se trouvant seul alors avec sa fille lui demande : « Comment avez-vous été assez imprudente pour accorder un tête-à-tête à un homme qui ne peut pas vous épouser ? » Ce trait, qui indique clairement le caractère clérical du galant, fut saisi et applaudi par les spectateurs. Vient ensuite un monologue de Cassandrino dans la rue :