Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/224

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il est inconsolable de ne plus voir sa belle, dont il est amoureux plus que jamais. Les raisons qu’il se donne à lui-même pour se cacher ses soixante ans sont les plus comiques du monde, d’autant plus que Cassandrino n’est point un fou, mais au contraire un homme d’une grande expérience, et même d’une âme élevée, mais qui tombe dans ces faiblesses ridicules parce qu’il est amoureux. À la fin il prend la résolution de se déguiser en jeune homme et de se faire l’élève du peintre. Ici se termine le premier acte.

Dans le second nous voyons de nouveau Cassandrino chez le peintre ; sa figure a disparu presque entièrement sous de longs favoris noirs et une perruque à boucles ondoyantes, mais derrière les oreilles on voit passer les petits cheveux gris et poudrés du sexagénaire. La scène d’amour avec la fille du peintre est excellente ; en véritable vieux garçon, il s’efforce d’exciter sa tendresse par l’étalage de sa fortune, qu’il offre de partager avec elle, et finit par dire : « Nous serons heureux ensemble, et personne ne connaîtra notre bonheur. » Cet autre trait, qui sent le monsignore d’une lieue, est saisi et applaudi. Enfin Cassandrino se hasarde à tomber aux pieds de sa maîtresse et il est surpris dans cette situation par une vieille tante qui l’avait