Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/260

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Je reconnais Canova, de loin, dans une petite gravure placée au pied de la croix du Colisée ; c’est la gravure d’un tableau de ce grand sculpteur ; je m’approche, même style que dans ses statues. — Dans la tête de la madone, on remarque le peu de distance du nez à la bouche.

Je ne puis revenir de mon étonnement des dix ou douze pieds de terre qui sont tombés du ciel sur les ruines de l’ancienne Rome et sur les environs. D’où est venue cette terre ?

Je vois la curiosité qui paraît pour la première fois avec ses doutes, ses raisonnements, et vient diminuer l’émotion. En effet, à Rome, peu à peu je suis devenu comme un savant, avec de la curiosité et point de cœur ; mais, grâce au ciel, conservant toujours un peu de cette logique sévère que m’a donnée l’habitude des affaires. M. Nibby, le moins bête des savants romains, a déjà donné, dans ses ouvrages imprimés, cinq dénominations différentes au temple de Jupiter Stator, et la dernière découverte est toujours également indubitable.

Le manque de logique est incroyable en Italie parmi les savants ; c’est que dans leurs académies, si l’on contredit un collègue, l’on se fait un ennemi mortel. Un