Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/259

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est une espèce de moine au petit pied.

Je monte la rampe ; mauvaise façade. J’entre dans Saint-Pierre : le charme opère. Que dire d’un premier rendez-vous avec une femme qu’on a longtemps aimée !

J’ai mon logement sur le cours, dans le palais Ruspoli. Affreuse saleté des rues ; l’odeur des tronçons de choux pourris me poursuit jusqu’à la nausée. — J’entre chez un apothicaire pour un flacon de sel anglais. Cet apothicaire se trouve être un homme d’esprit et de bon sens, qui a été à Londres ; nous parlons anglais ; il me fait voir ses procédés pour faire la kinine. En un mot, j’ai eu le bonheur de devenir l’ami de M. Agostino Manni. Je ne lui ai jamais dit le mal que je pense de certaines choses ; mais, à tout prendre, sa maison est et sera pour moi la ressource la plus agréable pendant mon séjour à Rome. Je dois à M. Manni la connaissance de M. Metaxa et de plusieurs autres médecins fort instruits, avec lesquels j’ai approfondi la question des marais Pontins. Mais j’ai eu l’attention de ne jamais dire un mot de politique. Je souhaite aux étrangers l’amitié d’un homme tel que M. Manni ; il sait la chimie comme nos Caventou et nos Vauquelin.

Je retourne au Colisée. La beauté du ciel d’Italie nulle part n’est plus sensible qu’au travers des fenêtres du Colisée, vers le nord.