Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/268

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sous un pont, je me suis hissé sur le pont, et me voilà sur la rive droite de la rivière. Je suis une allée d’orangers, j’entends un grand bruit, je vois une grande fumée d’eau brisée ; je fais un détour et, à ma droite, je vois la rivière qui se précipite du haut du bord escarpé de la vallée. C’est la plus belle chute d’eau que j’aie vue de ma vie. Je reste une heure au fond de la vallée. Combien je suis heureux de ne pas m’être fait accompagner par un guide !

Au bout d’une heure, un joli petit paysan m’aborde d’un air riant qui me surprend, et me demande avec amitié si je ne veux pas monter et voir la cascade de haut en bas.

Je monte, en effet, par un petit sentier en zigzag qu’on a pratiqué l’année dernière le long du côté oriental de la vallée, en l’honneur de l’empereur d’Autriche. À mi-hauteur de la cascade, il y a un belvédère qui s’avance et qui est, en quelque sorte, comme suspendu sur la nappe énorme qui tombe au fond de la vallée. Cela est parfaitement beau. Je grimpe enfin tout à fait au haut de la cascade, je vois la rivière à six pieds au-dessus de l’endroit où elle se précipite ; on jouit en ce lieu d’une cascade en raccourci. Cette petite rivière (le Velino) coule dans un canal construit par les Romains pour abaisser le niveau d’un lac qui est à deux milles