et rien ne peint mieux à l’imagination cette cité des morts que les spectres vivant de gloire tombée qu’on voit errer encore parmi ses ruines.
Les exceptions, en petit nombre, sont ou les nouvelles familles qui doivent à leurs patients efforts les privilèges et le patrimoine dont elles jouissent, ou les restes des anciennes générations qui, en s’alliant à des noms que leurs pères eussent méprisés, ont sauvé de la destruction quelques débris de cette aristocratie croulante. La richesse des uns, la hauteur des autres, forment une singulière mosaïque ; comme dans quelques-uns des monuments du Forum, où l’on démêle çà et là une ancienne colonne de marbre de Paros au milieu du stuc et du clinquant de l’église moderne. Le contraste du passé avec le présent se continue des choses aux hommes ; et, dans les salons aussi bien que dans les rues, on bronche à chaque pas contre quelques-uns de ces débris, mal appareillés, des antiques splendeurs.
Ce n’est cependant pas dans leurs propres maisons, comme on peut bien l’imaginer, qu’il faut chercher les descendants de la noblesse romaine. La plupart, chassés de salle en salle par les envahissements de la pauvreté, ont été contraints de prendre pour dernier refuge l’entresol de leur