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Dénuée du moyen de tout représenter chez soi ou d’occuper un rang convenable dans une cour étrangère, la noblesse romaine a heureusement trouvé une compensation admirable dans l’organisation si propice du corps diplomatique. C’est chez les ambassadeurs qu’on peut voir, comme d’une galerie, défiler processionnellement toutes les familles nobles ; et les ambassadeurs eux-mêmes sont, en général, choisis de façon à devenir un accessoire important pour l’amusement et l’instruction des spectateurs.

Les ambassadeurs sont une espèce à part, marquée par des singularités très tranchées, et ces singularités sont encore rehaussées par la situation et le caractère personnel et politique du souverain qui les envoie ou qui les reçoit. En Angleterre, une ambassade est regardée comme le meilleur moyen de faire le voyage du continent à son aise. Un ministre fatigué ou renvoyé désire mettre de côté, pour lui et sa postérité, un fond de santé, un service d’argenterie, un ruban bleu ou rouge et condescend à accepter l’emploi, avec la même dignité dédaigneuse qu’un émérite de la chambre des Communes met à accepter ses Chiltern-Hundreds[1]. Chez nos voisins,

  1. Sorte de titre honoraire auquel a droit un membre de la chambre des Communes quand il a siégé un certain temps et qu’il veut se retirer.