Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/323

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et le clergé étaient demeurés seuls dans la première salle. Il est d’étiquette qu’ils se retirent aux premiers sons du violon : quelques-uns qui ont des oreilles plus consciencieuses que leurs confrères, se conforment sans beaucoup de peine à l’attente du public. D’autres trouvent moyen avec leur allure moitié timide, moitié audacieuse, de rester derrière : un petit groupe s’était confortablement niché à l’extrémité du sopha le plus éloigné du feu (aussi craint en Italie qu’il est recherché en Angleterre), lorsque la brusque entrée de l’ambassadeur de Portugal déconcerta de nouveau tout cet arrangement. Il arriva sautillant sur la pointe du pied, d’un air de gaieté qui scandalisa les admirateurs du passé, et qui était à peine en harmonie avec les prétentions carrées et la tournure un peu trapue de son excellence. En un moment, il eut salué tout le monde, et tout le monde, en se retournant, reconnut Condé de Funchal. Il n’avait rien perdu de la réputation qu’il s’était faite autrefois en Angleterre : c’était encore la fleur des égrillards de l’ancien régime ou de bon ton, le modèle de la courtoisie ambassadoriale ; sa petite tête ronde et bien poudrée était tenue avec la même netteté et le même ordre ; et si je remarquai en lui quelque changement, c’est que ses traits ramassés s’étaient tant