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car, quand il eut de l’esprit, ce tyran sentit qu’il était de son intérêt d’être juste ; par exemple : Castruccio. Il faut soigner le cheval qui nous porte. Au milieu de tant de dangers, comment l’honneur aurait-il pu naître ? Comment trouver le temps d’avoir de la vanité ?

Le gouvernement, à moins qu’il ne soit fort et séduisant comme celui de Napoléon, ne passe dans les mœurs qu’au bout d’un siècle. De là les progrès des beaux-arts pendant ce xve siècle, où la liberté (entendez toujours la liberté d’alors, la liberté gouvernante et non jouissante) commençait si fort à languir.

Les tyrans d’Italie, pleins d’énergie, de finesse, de défiance et de haine, et, dans les beaux-arts, d’esprit et de goût, n’eurent jamais aucun talent comme administrateurs : ils se moquaient de l’avenir ; ils écrasèrent l’industrie et le commerce. Volterre, qui comptait cent mille habitants[1], n’en a plus que quatre mille. Jamais ils n’établirent de lois raisonnables ou ne maintinrent de justice équitable.

Enfin, du temps des républiques italiennes, le pape faisait brûler Savonarole, qui avait voulu faire le petit Luther. La liberté des écrits sur les intérêts communs

  1. À vérifier.