Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/60

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c’est toujours parmi les jeunes gens que la vérité commence à se faire jour. Chaque capitale d’Italie a deux ou trois pédants de soixante ans qui font trembler tout ce qui s’occupe du culte de la vérité parmi les jeunes gens. Ceux-ci ne peuvent les battre que par des traductions des livres estimés à l’étranger ; en Italie le vieux professeur sage eût empêché les Chaptal et les Berthollet de publier leurs idées.

À Paris le levier de la vérité est mis en jeu par le poids immense de l’opinion publique. Un jeune homme n’a qu’à publier un bon livre, le public ne demande pas mieux que d’oublier le vieux pédant qui vingt ans auparavant a traité le même sujet.

Les pédants d’Italie ont la confiance de petits despotes mourant de peur. Je parle des ministres, car les souverains sont tous de bonnes gens qui laissent faire le mal par qui en a envie. Ils disposent de toutes les places de professeurs et de bibliothécaires, places qui font la ressource des trois quarts des littérateurs. Comment ont vécu Parini, Monti, Foscolo ?

Ce système de despotisme des pédants, un des points les plus pernicieux des autres petits despotismes tremblants qui pèsent sur l’Italie, n’arrête pas l’homme