Page:Stendhal - Pages d’Italie.djvu/75

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Romains, la ci-devant liberté des Suisses, la liberté des Italiens ne fut que la participation à la souveraineté du pays. On ne pouvait être heureux qu’au Forum, nous, nous voulons être heureux au fond de notre maison.

361. — Les anciens ne connurent pas les droits de l’homme. La liberté fut pour eux un héritage comme la fortune. Dans les Républiques italiennes la liberté fut souvent la propriété d’un certain nombre de familles. Tout le reste fut esclave, mais ce reste maniait le couteau et sut se faire respecter. Les mœurs s’adoucirent après la chute de Florence en 1530, le couteau tomba des mains, l’Esclavage parut, et à la suite ses compagnes fidèles : l’avilissement et la bêtise. Il y a un beau livre à faire : l’éloge de l’assassinat. Il précède toute convention humaine, toute justice. Quand la justice n’est plus que l’arme du plus fort, qu’une dérision cruelle, l’homme rentre dans l’état de nature, l’assassinat redevient un droit. L’immense bienfait de l’autel envers le trône a été de cacher aux peuples cette conséquence. L’Italie fut avilie de 1530 à 1782, il y eut des tyrans abominables et des peuples dans l’excès de la bassesse non pas par le manque mais par la disette d’assassinats. S’il y eût eu plus souvent des tragédies