Page:Stendhal - Pensées, I, 1931, éd. Martineau.djvu/50

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
filosofia nova

À mesure que le genre humain vieillit, nous devenons moins naïfs dans tout ce que nous faisons, et par conséquent moins poètes.

Plus le poète se cache sous le personnage, plus il produit d’effet, il faut donc avoir en horreur les maximes, le défaut le plus desséchant de la poésie du xviiie siècle ; il faut reconnaître les vices du siècle et se jeter dans les défauts opposés, je croirai être bien loin de mon siècle et je serai encore tout près, tant ce que nous voyons chaque jour a d’influence sur nous.

La poésie tire de grandes beautés du système des causes finales.

Il est peut-être vrai généralement que ce qu’on gagne en étendue on le perd en force.

*

L’exposition est la seule partie du drame où il faille forcer les caractères, si le drame se passait réellement devant nous, nous serions instruits de sa qualité et du nom des personnages, ainsi que de ce qui leur est arrivé, mais il n’en est pas ainsi, quand nous entrons au spectacle. Le poète doit donc employer tout son art pour masquer cette nécessité. Il doit se faire ces questions en commençant son drame :