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Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/196

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filosofia nova

Juan qu’il regarde comme superbe m’ouvre les yeux. La pièce a mille défauts mais le rôle de don Juan est dans beaucoup de situations. Il est comme les pièces de Shakspeare, riche d’action, et le grand défaut de la scène française est d’être pauvre d’action. J’allais tomber dans ce défaut pour Letellier, si le mot de La Rive ou plutôt l’air dont il l’a accompagné ne m’avait ouvert les yeux.

Le cours de La Rive, quoique La Rive soit un pauvre homme, m’est très utile parce qu’il me met à portée de l’étudier ainsi que Pacé.

*

Tout l’effet du poète[1] est dans le cœur de ses auditeurs. Ce n’est que là que sont ses véritables victoires. Il doit voir l’effet que les passions qu’il peint chez ses protagonistes produisent dans le cœur des spectateurs. Étudier ce qui s’y passe, cela vaut mieux qu’étudier Aristote. Le parterre des Français m’est doublement utile : j’étudie la pièce et les spectateurs, je vois d’abord ce qu’ils sont, ensuite leurs rapports.

*

Nous aimons à voir sur la scène des per-

  1. 10 thermidor XII [29 juillet 1804].