Page:Stendhal - Pensées, II, 1931, éd. Martineau.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
filosofia nova

Ici il faut trouver le moyen d’estimer la force des passions.

Chaque individu ce me semble se fait même dans ses moments de plus grand sang-froid l’image d’un bonheur auquel il désire parvenir.

Moi par exemple, une femme d’un génie vaste (dans le genre de Mme Pietragrua) ; brune, superbe, voluptueuse, m’aimant comme je l’aimerais, s’étant séparée de son mari pour moi et vivant avec moi à Milan où j’aurais trente mille livres de rente.

Si je voyais l’objet qui pourrait me procurer ce bonheur et un chemin qui m’y conduisît, elle exciterait la plus forte passion dont je sois susceptible.

Donc l’objet qui promettrait à cet homme, le plus sûrement possible, la plus grande quantité possible de ce bonheur qu’il se figure, exciterait en lui la plus forte passion qui puisse le pousser.

L’effet d’une passion est bien plus sûr lorsque les sens ont pris l’habitude de la servir. Auparavant il fallait qu’elle les mit en train, lorsqu’ils en ont pris l’habitude ce sont eux qui à tout propos la réveillent.

Voilà pourquoi, ce me semble, if Martha Maria has not d’autre passion but her love for me, this love doit être très durable