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PENSÉES



L’amour est le miracle de la civilisation. Et la pudeur prête à l’amour le secours de l’imagination, c’est lui donner la vie.

Le plus grand bonheur que puisse donner l’amour, c’est le premier serrement de main d’une femme qu’on aime.

Ne pas aimer, quand on a reçu du ciel une âme faite pour l’amour, c’est se priver soi et autrui d’un grand bonheur.

Le véritable amour rend la pensée de la mort fréquente, aisée, sans terreurs, un simple objet de comparaison, le prix qu’on donnerait pour bien des choses.

Les gens heureux en amour ont l’air profondément attentif, ce qui, pour un Français, veut dire profondément triste.

Les plaisirs de l’amour sont toujours en proportion de la crainte.