sensation. Si l’on excepte les années de début où Beyle s’est trouvé presque entièrement sous la domination d’une certaine école de philosophes, on peut dire que, pendant tout le reste de son existence, il a bien moins pensé par son cerveau que par ses sens. Et c’est bien là, semble-t-il, qu’il faut voir l’originalité même de ces impressions. Elles sont moins des états de la mentalité que des états de la sensibilité, et, s’il arrive parfois que quelques-unes sont nées à la limite des deux influences, il sera facile d’apercevoir qu’au fond elles sont surtout ordonnées par les facultés sensibles de leur auteur.
Cette sensibilité si riche et si profonde, dont il souffrait si fort, à vingt ans, de ne pouvoir traduire toutes les manifestations, c’est elle qui fait proprement le charme et la valeur de certaines de ces impressions. C’est parce que nous savons qu’elles ont été ressenties telles quelles, que nous connaissons l’horreur de Beyle pour l’affecté, son amour pour le naturel, cet amour qui a fait dire à Barbey