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Crucifiement de saint Pierre, du Guide, plusieurs tableaux de Raphaël et du Pérugin. J’ai remarqué de ce dernier maître un Saint-Louis, roi de France, qui a la mine d’un jeune diacre contrit ; ce n’était pas la physionomie de cet homme sublime, qui eût été le meilleur disciple de Socrate. Mais, enfin, dans ce tableau est bien sensible la lumière dorée (comme si elle passait à travers un nuage au coucher du soleil) par laquelle ce peintre éclaire ses ouvrages, et qui en fait le ton général.

Le ton général du Guide est argentin ; celui de Simon de Pesaro, cendré, etc., etc. On remarque dans la Vierge au donataire, de Raphaël, une faute de dessin épouvantable dans le bras de la figure de saint Jean, maigre à faire peur. – Si je ne craignais de choquer les gens moraux, j’avouerais que j’ai toujours pensé, sans le dire, qu’une femme appartient réellement à l’homme qui l’aime le mieux. J’étendrais volontiers ce blasphème aux tableaux. À Paris, nous en étions si peu amoureux, que nous parlions de notre amour d’une façon presque officielle, comme un mari.

Cinq heures ont sonné, mes amis sont allés dîner chez un ambassadeur ; je suis descendu seul dans Saint-Pierre. Il y a justement un grand banc de bois à dossier vis-à-vis le tombeau des Stuarts (par